vendredi, octobre 07, 2005

Noir c'est noir!
Bonjour, du nouveau? Oui Pierre Assouline annonce dans son blog un nouveau pavé dans la mare: voici ce qu'il écrit.
Freud n'a pas fini de prendre des coups. Après Le livre noir de la psychanalyse, attaque en règle (si l'on peut dire tant il y eut de coups bas à cette occasion) de pyschiatres partisans des thérapies cognitivo-comportementalistes dites TCC, un autre se profile à l'horizon de la librairie annoncé pour le 6 janvier : Le dossier Freud sous-titré Enquête sur l'histoire de la psychanalyse. Il est écrit par le philosophe Mikkel Borch-Jacobsen et par l'historien de la médecine et spécialiste de Jung Sonu Shamdasani. A noter que le premier fut également l'un des initiateurs du fameux "livre noir" (label généralement réservé à des sujets tels que l'Occupation, les crimes de la colonisation ou la corruption).Leur but ? Encore et toujours confronter la psychanalyse à ce qu'ils estiment être ses échecs et ses mensonges. Leur arme ? L'analyse fouillée des fameuses Archives Freud de la Library of Congress à Washington. L'auto-analyse de Freud, le cas Anna O., la censure des lettres à Fliess, les cas les plus douteux, ils revisitent tout ça au karcher !Le révisionisme historique est sain, comme le doute. Mais quel crédit lui accorder quand il démonte toute une discipline systématiquement au prisme de la manipulation, du trucage et du mythe ?A la fin de l'argumentaire annonçant la parution de leur livre, on lit qu'au terme de leur enquête "la théorie psychanalytique apparaît comme une pure construction, ni plus ni moins valable que d'autres systèmes psychothérapeutiques." CQFDSuivez leur regard ...
Personnellement je suis à la page 221 et je peux au moins avancé une idée sur la profondeur de l'honnêteté intellectuelle et scientifique des auteurs. Pour l'instant, c'est très mitigé, en fait on peut constater que se ne sont pas des hypothèses qui sont posées en tant que doute fondamental à démontrer, mais bien des présupposés affirmatifs et trop souvent péremptoires sur la "nullité" des effets de la psychanalyse. La rigueur méthodologique est donc fortement biaisée ce qui en dit quelque chose d'une épistémologie dans leur vision d'une clinique à imposer.
A lire également (en lien), la réactionde Serge Tisseron dans le monde sur le "rapt de sa parole".

dimanche, octobre 02, 2005

« Des illusions, aux (faibles) bénéfices de la psychanalyse. »

Fin, précis et affûté, c’est avec un fusil de sniper que Jacques Van Rillaer tire sur l’ambulance. Que nous dit notre ami belge.
Que « les (maigres) résultats thérapeutiques sont attribuables à des facteurs « non spécifiques », des facteurs qui ne sont pas propres à la psychanalyse. Il s’agit notamment du sentiment d’être écouté et compris, de l’espoir de changer, de l’impression de mieux comprendre et contrôler des éléments de l’existence, de tentatives de nouveaux comportements ».
Que ces bénéfices sont subjectifs. Il les regroupe en cinq catégories :
- être écouté, reconnu, compris
Pour lui, beaucoup d’analysants qu’il appellera, à la suite de Carl Rogers, « clients », vivent dans les premiers temps de la cure, « l’ivresse de la parole libérée ».
- se déculpabiliser et mettre des désirs en acte
La psychanalyse déculpabilise des conduites pathologiques, infantiles, égocentriques ou malveillantes. Le décodage freudien permet de les considérer comme des « symptômes » de processus inconscients ou l’expression de désirs injustement réprimés. Il a constaté que la personne en analyse développe facilement des conflits avec ceux qui ont pris soin d’elle durant l’enfance.
- s’estimer, se valoriser
Très peu d’analysés poursuit-il (p204) déclarent avoir vécu ce que au dire de Freud, est le facteur spécifique de la guérison des névroses : « réduire le conflit entre les pulsions sexuelles et le surmoi, retrouver les souvenirs refoulés d’expériences sexuelles, réelles ou fantasmées, de l’enfance ». Il cite deux études (1976, 1977, 1982) sur des analysés qui rapportent leur expérience de la cure. Ces études de Serge Moscovici et de D. Frischer montrent « l’augmentation de l’égocentrisme comme une conséquence de la cure » et, plus loin une véritable exaltation du Moi.
- pouvoir tout interpréter et expliquer
En citant Karl Popper, il identifie la psychanalyse à une religion, car « las vérifications constantes d’une théorie caractérisent les religions et les autres systèmes non scientifiques ».
- trouver un sens à la vie
Il parle d’une expérience « existentielle ». Cette fonction de la psychanalyse intéresse particulièrement les personnes qui ne souffrent guerre d’un trouble mental caractérisé, mais qui vivent une existence qu’elles estiment morne, peu intéressante insatisfaisante.
« Ces clients s’appliquent toujours à propager la Bonne Nouvelle. Ils font preuve d’un prosélytisme qui dispense les analystes de faire eux-mêmes de la publicité ».
La fin de l’article, s’applique à dénoncer les bénéfices substantiels pour les psychanalystes. « Vu les tarifs, le nombre de séances par semaine et la durée des cures, un petit nombre de clients suffit. L’analyste qui adopte la technique lacanienne des séances courtes peut rapidement devenir riche » (p208).
Il s’attaque enfin au caractère facile de l’activité en citant d’abord Freud « La technique de la psychanalyse est beaucoup plus facile à appliquer qu’on ne l’imagine lors de sa description » (1904). Puis Lacan « La psychanalyse, comme toutes les autres activités humaines, participe incontestablement de l’abus. On fait comme si on savait quelque chose » (1977).
Bien sûr on ne peut que croire l’ami Jacques, puisqu’il a lui-même été psychanalyste (freudien) pendant 10 ans avant de se jeter sur les TCC.
Je vous laisse à vos réactions avant de vous donnez rendez-vous au prochain épisode, pour ces nouvelles histoires belges qui font l'impasse sur l'idée d'inconscient.